[Cet article n’est pas une formation de plongée. Il doit être considéré comme un guide de bonnes pratiques.]
Ce week-end, je suis allé plonger avec mon club. L’objectif était notamment de pousser deux amis (Robin & John) à l’autonomie complète en plongée dans le cadre de la formation Niveau 3 qu’ils viennent de démarrer.
Nous leur avons donc expliqué qu’aujourd’hui « il n’y avait pas de moniteurs et qu’ils devaient gérer entièrement la plongée comme si nous n’étions pas là ou du moins comme si nous étions également des plongeurs N2 ». Le moins, que l’on puisse dire, c’est qu’ils m’ont bien fait rire… Leur performance m’a fortement inspiré en me rappelant que l’autonomie ne s’improvise pas. Voilà donc quelques conseils pour que vos plongées autonomes se passent au mieux !
La phase pré-plongée est cruciale pour assurer le bon déroulé et la sécurité de l’expérience que vous vivrez sous l’eau. À mon sens, une plongée réussie (autonome ou non) passe par une bonne préparation. La plupart des problèmes ou situations litigieuses qui se passent en plongée sont souvent dus à une mauvaise préparation et un briefing pas assez complet. Profitez de ce moment pour soulever toutes les interrogations et mettre le plus de cadre possible !
Échanger sur les Attentes & Expériences
Échangez sur les attentes de chacun, les habitudes en plongée, l’expérience et la date de dernière plongée. Échangez aussi sur l’état de santé (plongeur enrhumé ? fatigué ?).
Cela aide à aligner les objectifs et à établir un niveau de confort commun. C’est d’autant plus important si vous plongez avec quelqu’un pour la première fois. Mais ce n’est clairement pas à négliger même si vous plongez avec votre binôme habituel.
Définition des Paramètres de Plongée
Une fois que vous êtes alignés sur vos objectifs et les capacités de chacun. Il est essentiel de définir les paramètres de plongée. À savoir la profondeur, la durée, les éventuels paliers et les méthodes de décompression. Les paramètres de plongée doivent être définis en prenant compte du site de plongée, des prérogatives de chacun, de votre matériel (notamment vos réserves de gaz), des conditions de plongée (météo, courant, houle…) et évidemment ds consignes du DP. Soyez raisonnables et gardez toujours une marge de sécurité dans vos prévisions.
Orientation et Parcours Sous l’Eau
Après avoir fixé les limites et les paramètres de la plongée. La planification du parcours sous l’eau est primordiale. Cela implique de discuter de l’itinéraire et des points de repère. Qu’est-ce qui est intéressant à voir sur le site de plongée ? Définissez également votre point de mise à l’eau et de sortie (peut-être imposé par le DP). Mettez-vous également au clair sur l’utilisation des outils comme le compas. Prévoyez au mieux votre itinéraire en amont, mais ne psychotez pas autour de celui-ci.
Vérification du Matériel
Chaque membre de la palanquée doit avant de se mettre à l’eau vérifier son équipement et se familiariser avec celui des autres. Cela inclut la vérification des réserves d’air, des dispositifs de flottabilité (stab) et des autres équipements essentiels. En connaissant le matériel de l’autre, vous réagirez plus efficacement en cas de problème.
Présentation des Éléments de Sécurité
La sécurité est la clé de toute plongée (autonome ou non). Il est donc important de clarifier au sec les procédures d’urgence. Par exemple, si vous vous perdez de vue. Faites 1 ou 2 tours sur vous-même pour scruter l’horizon puis remontez à vitesse contrôlée en respectant les paliers si vous ne retrouvez pas le reste de la palanquée. Une fois, tout le monde réuni en surface, vous pourrez éventuellement reprendre l’immersion. Ne continuez jamais une plongée seul !
Abordez aussi la question du matériel de sécurité tel que l’oxygène ou le moyen de communication. Avez-vous ce matériel ? Savez-vous où il se trouve et de surcroît savez-vous vous en servir ? En cas d’incident, avec l’adrénaline ou le stress, il est parfois difficile de réfléchir alors planifiez au maximum les procédures de sécurité pour les mettre en place automatiquement si besoin.
Clarification des signes
La question de la communication et les signes est aussi à aborder avant la plongée. Mettez-vous d’accord sur la communication que vous allez utiliser et assurez vous que tout le monde soit raccord sur les signes. Une fois dans l’eau, il est trop tard pour se mettre d’accord. Si besoin, voici les nouveaux signes officiels de la fédé pour la décompression notamment.
Vous l’aurez compris, l’avant plongée est crucial et permet généralement d’assurer le maximum de choses pour que la plongée se passe bien. N’ayez pas peur et abordez tous les sujets qui vous paraissent importants. On ne vous reprochera jamais d’être trop sécuritaires. Dans mon exemple de ce week-end, John & Robin, n’avaient pas assez préparé leur plongée. Ils ont donc souffert de beaucoup de moments d’incompréhension.
Pendant la Plongée
Quand vous plongez en autonomie, la co-responsabilité, la vigilance et surtout la sécurité feront de vos aventures des moments de plaisir partagés. Mais encore une fois, cela ne s’improvise pas. Il est important d’avoir plusieurs points clé en tête et surtout de s’entraîner. Avec l’expérience, tout deviendra plus simple et intuitif.
Respecter les Prérogatives & Votre briefing
Il est crucial de respecter les limites et les capacités de chaque membre de la palanquée. Veillez à toujours avoir un oeil sur votre profondeur. Par exemple, en tant que N2 vous ne devrez jamais dépasser les 20m. Mais au-delà des prérogatives réglementaires, vous devez aussi respecter ce qui a été dit en surface. N’allez jamais au-delà de la profondeur annoncée lors du briefing.
Maîtrise Technique
Une bonne maîtrise de la flottabilité et des autres aspects techniques de la plongée est essentiel. Lorsque vous étiez un plongeur encadré, vous pouviez vous permettre certaines largesses et vous pouviez surtout ne penser qu’à votre plongée puisqu’un guide de palanquée était chargé de s’occuper du groupe. Mais plonger en autonomie signifie que plus personne n’est là pour s’occuper du groupe. Il est donc important d’être à l’aise techniquement afin de ne pas être renfermé sur sa plongée, mais bien d’être capable de s’ouvrir à la palanquée en étant vigilant avec chacun.
Communication
Juste avant je vous disais de vous ouvrir à votre groupe de plongée, cela passe principalement par une communication régulière. D’abord tout simplement avec le signe « OK » pour s’assurer que tout va bien, puis en demandant régulièrement l’état des réserves d’air. La communication en plongée autonome ne se fait pas uniquement par les gestes, mais également par les regards échangés et autres indications. Pensez également à bien communiquer vos paliers en fin de plongée pour éviter les accidents. On ne vous reprochera jamais de trop communiquer alors à chaque fois que vous croisez le regard de votre binôme n’hésitez pas à lui faire un petit « OK » ça ne coûte rien. Pensez également à partager ce que vous observez. Si vous voyez un magnifique poisson ou une sirène faites en profiter la palanquée !
Orientation Active
L’orientation est un sujet qui effraie souvent les plongeurs débutants. Mais rassurez vous, ce n’est pas grave de se perdre. Le bateau viendra vous chercher si vous ratez la sortie. Au pire, vous palmerez un peu. Le plus important pour l’orientation, c’est d’être actif. Regardez autour de vous, utilisez à la fois les outils d’orientation et les repères naturels pour naviguer efficacement. Mais surtout faites vous confiance. Il est parfois préférable de prendre le mauvais chemin sous-marin que d’attendre sans savoir où aller. Car le courant vous fera dériver, vos réserves de gaz diminueront pour rien etc. Le plus important, c’est d’être en sécurité. On pourra difficilement vous reprocher d’avoir raté votre orientation. Même les meilleurs plongeurs se trompent. Mais on vous tombera plus facilement dessus si vous vous mettez en danger ou ne respectez pas les règles.
Vous l’aurez compris, le plus important lors de la plongée elle-même est de vraiment se détacher de soi pour s’ouvrir au reste de la palanquée. Cette ouverture passe principalement par la communication. Il faut penser ses actions du point de vue sécurité. Enfin, je ne peux que vous conseiller d’être acteur de votre plongée en prenant des initiatives et en étant actif !
Après la Plongée
Le post-plongée est un moment très important. Souvent convivial, il est crucial pour évaluer et apprendre de l’expérience. C’est le moment idéal pour revivre les meilleurs moments et corriger les erreurs de la plongée.
Débriefing
Discutez de ce qui a bien fonctionné et des points à améliorer, en mettant l’accent sur la communication et la sécurité.
Partage
Exprimez ce que chacun a apprécié durant la plongée pour renforcer les liens et partager les moments forts.
Surveillance
Ce moment post plongée est essentiel, car il permet également de surveiller que tout le monde va bien. C’est pourquoi il faut être attentif aux signes de malaise ou aux symptômes d’accidents de plongée tels que la mise en retrait d’un membre, un mal de tête, des démangeaisons soudaines… et agir en conséquence.
Bilan
L’autonomie en plongée est un palier important puisqu’il demande beaucoup d’engagement de la part des plongeurs. L’autonomie nous pousse à revoir totalement notre pratique et c’est une bonne chose, car elle nous oblige à en être pleinement conscients. L’autonomie est une responsabilité partagée qui exige préparation, communication et vigilance. Mais comme Robin et John qui lors de notre deuxième plongée ce week-end s’en sont beaucoup mieux sortis qu’à la première. C’est avec de la pratique, du temps et de l’expérience que votre expérience de plongeur autonome deviendra plus évidente, enrichissante et sécurisée.
N’hésitez pas à me partager votre avis sur la plongée en autonomie ? Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?
