La Raie Manta

La raie manta est bien plus qu’un simple habitant de l’océan : c’est un symbole de la beauté et de la majesté que recèlent nos mers. Préparez-vous à être émerveillé. Nous allons explorer ensemble l’univers fascinant de ce géant océanique.

J’ai eu la chance de plonger avec des raies manta en Indonésie. C’est uniquement une fois sous l’eau avec elles que j’ai pu prendre conscience des capacités et de l’intelligence de ces animaux. Une interaction exceptionnelle avec l’une d’elles m’a profondément marqué. Je vous raconte tout dans la suite de l’article !

Le corps des raies manta possède deux grandes « ailes », et une queue relativement courte. La tête est assez plate avec de chaque côté de la bouche des nageoires céphaliques (extension des nageoires pectorales) qui ressemblent à des «cornes». C’est pour ces «cornes» qu’on lui a donné le surnom de «diable de mer». Ces nageoires céphaliques lui servent à diriger l’eau vers sa bouche, pour l’aider dans son alimentation.

La raie manta possède cinq paires de branchies sur la face ventrale. Sa mâchoire inférieure possède plusieurs dents dont la fonction exacte est inconnue. Il pourrait s’agir de vestiges de son évolution

C’est une espèce ovovivipare. Après accouplement, la femelle libère un œuf qui éclora dans son utérus. Le « petit » grandira à l’intérieur de sa mère jusqu’à ce qu’il soit totalement développé et prêt à affronter son existence marine. La gestation dure environ 1 an.

À la naissance, le petit mesure plus d’un mètre et il doublera sa taille dans sa première année d’existence. Dans la nature la fréquence de reproduction de la raie manta est estimé à une naissance tous les 5 ans et la maturité sexuelle n’est atteinte qu’entre 15 à 20 ans.

Schéma annoté des différentes parties du corps d’une raie manta

Le Genre Mobula

La raie manta fait partie du genre Mobula qui fait partie de la famille des Myliobatidae (regroupant la plupart des raies marines). Les espèces du genre Mobula sont parfois appelées « raie aigle »

Contrairement à la plupart des raies, les Mobula ne se déplacent pas sur les fonds, ce sont des raies « volantes ». Leurs larges ailes, profilées pour la nage, leur permettent de se déplacer aisément en pleine eau. La peau est recouverte d’écailles placoïdes, en forme de dents, qui améliorent également la pénétration naturelle du poisson dans l’eau.

Comme les requins et les chimères, les raies appartiennent à la classe des chondrichtyens qui regroupe les poissons cartilagineux.

Ces poissons sont épipélagiques, c’est-à-dire qu’ils passent une partie importante de leur vie non loin de la surface. Ce mode de vie les rend particulièrement vulnérables à l’ingestion de micro-plastiques, aux marées noires et aux perturbations causées par le trafic maritime intense. La capture accidentelle des espèces du genre Mobula est fréquente.

Deux espèces bien distinctes

Vous pensez connaître la raie manta ?  Saviez-vous qu’il n’y a pas qu’une, mais bien deux espèces distinctes de ces géants majestueux :

  • La raie manta de récif (Mobula alfredi)
  • La raie manta océanique (Mobula birostris

 

Alors que la raie manta de récif est plus petite et fréquente généralement des eaux peu profondes près des récifs coralliens, la raie manta océanique est une véritable nomade des hautes mers qui peut atteindre plus de 7m d’envergure.

La raie manta de récif (mobula alfredi)

Raie manta de récif dansant au-dessus d’un corail coloré

Caractéristiques :

Genre : Mobula

Taille moyenne : 3m

Taille maximale : 5m

Longévité : 50 ans

Apparence : ventre blanc / dos noir + tâches

Présentation :

La raie manta de récif (Mobula Alfredi) est l’une des  plus observées dans les zones de coraux. C’est avec cette espèce  que j’ai plongé à Bali (Indonésie).

Son nom scientifique est un hommage au Prince britannique Alfred Ier de Saxe-Cobourg et Gotha qui fut victime d’une tentative d’assassinat au moment où la description de l’espèce fut éditée.

La raie manta de récif possède une distribution « circumtropicale », c’est-à-dire qu’elle est présente dans les eaux tropicales et subtropicales du globe soit dans l’océan Pacifique oriental et central (ex: Fiji, Hawaï et Polynésie), le bassin Indo-Pacifique (ex: Mozambique, Madagascar, Maldives, Indonésie, Australie, Nouvelle-Calédonie, Philippines, Japon, Mer Rouge…) et présence avérée dans l’océan Atlantique au niveau des îles Canaries et du Cap Vert.

Les raies manta de récif vivent et évoluent toujours dans un même territoire plus ou moins vaste avec possibilité de petites migrations pour suivre le plancton. Elles ont donc un comportement relativement sédentaire avec des zones précises et coutumières de nettoyage et de nourrissage toujours à proximité directe de côtes, de récifs, d’archipels ou d’îles

La raie manta de récif a un mode de vie pélagique et se nourrit en filtrant l’eau de mer afin de capturer son alimentation favorite que représente le zooplancton (plancton animal).

La raie manta océanique (mobula birostris)

Caractéristiques :

Genre : Mobula

Taille moyenne : 5m

Taille maximale : 9m

Longévité : 50 ans

Apparence : ventre blanc / dos noir + tâches

Portrait rapproché d’une raie manta de face

Présentation :

La raie manta océanique,  ou raie manta géante (Mobula birostris) est l’un des grands poissons emblématiques des océans. C’est la plus grande des raies, elle peut atteindre plus de sept mètres d’envergure et deux tonnes

Les raies manta océaniques sont des poissons pélagiques actifs qui migrent en fonction du zooplancton. Cette espèce parcourt les océans, parfois en banc de plusieurs dizaines d’individus.

La raie manta océanique possède une distribution « circumtropicale », c’est-à-dire qu’elle est présente dans les eaux tropicales, subtropicales et même tempérées du globe soit principalement dans l’océan Pacifique oriental (ex: Équateur, Mexique  et le bassin Indo-Pacifique (ex: Maldives, Thaïlande, Indonésie,…).

La raie manta océanique a un mode de vie pélagique et se nourrit en filtrant l’eau de mer afin de capturer son alimentation favorite que représente le zooplancton. Elle se nourrit aussi de petits poissons.

Différences entre la raie manta géante de récif

Un premier critère pourrait être la taille car la raie manta océanique est plus grande que la raie manta de récif. Toutefois, si les individus sont jeunes, leur taille peut porter aisément à confusion.

La coloration est un moyen rapide et efficace pour les distinguer. La raie manta de récif a la face dorsale sombre avec en général deux zones plus claires sur le dessus de la tête, sorte de dégradé nuancé entre le sombre dominant de son dos et une teinte claire blanchâtre à grisâtre.

Alors que chez la raie manta océanique, la face dorsale est bien sombre et les deux taches blanches sont bien marquées sans effet de dégradé. 

Le ventre de la raie manta de récif est blanc et parsemé d’un nombre variable de taches sombres qui peuvent être plus ou moins nombreuses.

Celui des raies manta océaniques est généralement blanc avec très peu de taches sauf dans la zone proche des nageoires pelviennes. En outre, la bordure des nageoires pectorales côté ventral, la bouche et le bord des fentes branchiales sont aussi noirs chez la manta océanique.

Autre distinction physique entre les deux espèces est la présence d’une boursoufflure juste après la nageoire dorsale soit à la base de la queue de la raie manta océanique.

Quelles menaces pour la raie manta ?

De par sa grande taille et sa vélocité en cas de danger (24 km/h en vitesse de fuite), la raie manta connaît très peu de prédateurs naturels capables de lui être fatals. Seuls de grands requins, comme le requin tigre (Galeocerdo cuvier), le grand requin marteau (Sphyrna mokarran) ou le requin bouledogue (Carcharhinus leucas), ainsi que les fausses orques (Pseudorca crassidens) et les orques (Orcinus orca) peuvent prétendre à tenter de lui croquer un bout d’aile avant qu’elle ne disparaisse.

Les raies manta  sont considérées comme vulnérables par l’I.U.C.N. car leur population décroît de manière drastique depuis une vingtaine d’années en raison d’une surpêche.

Quel que soit le type de pêche (artisanale, ciblée ou prise malencontreuse), l’impact de cette dernière sur une population qui possède un taux de fécondité faible, une maturité sexuelle tardive ainsi qu’une gestation longue ne peut être que gravement nuisible pour ces espèces qui ne peuvent compenser les pertes que sur plusieurs décennies.

Ces dernières années, la pêche aux raies manta est notablement stimulée par la flambée du cours de leurs branchies sur le marché de la médecine traditionnelle chinoise. De pseudo-vertus médicinales leur sont conférées, sans aucun fondement scientifique avéré, ainsi qu’une habile stratégie marketing générant une importante demande.

Entre 1970 et 2020, le nombre de raies victimes de la pêche a triplé.

Mon histoire avec une manta

Raie manta blessée par un hameçon et une ligne de pêche, photo par Maxime HIBLOT

Comme je l’annonçais en introduction de l’article, j’ai eu la chance de plonger avec des raies manta. Recontrer cet animal suffisait déjà à rendre l’instant magique. Mais quelque chose de vraiment spécial s’est produit. Alors que nous avions déjà fait plus d’une heure de plongée et que nous allions commencer à remonter, une raie est sortie du bleu et s’est approchée doucement de moi.

Nos regards se sont croisés. Le regard que j’ai vu dégageait réellement quelque chose, elle cherchait à me passer un message. Lorsqu’elle a dépassé mon niveau, j’ai compris, j’ai pu voir, accroché dans son dos un hameçon et tout une ligne de pêche

Elle cherchait bien à communiquer avec moi. Elle demandait de l’aide. Je me suis donc approché doucement pour voir sa blessure de plus près. La ligne était enroulée autour de sa queue. J’ai donc commencé par la démêler. 

La raie a tout de suite compris que j’essayais de l’aider. Elle nageait donc très lentement pour que je puisse la suivre et dés lors qu’elle prenait un peu d’avance, elle effectuait un grand demi-tour pour venir se replacer à mes côtés

Mais après avoir bien observé sa blessure, j’ai constaté que l’hameçon était enfoncé très profondément et que la chaire avait déjà cicatrisée. J’ai donc pris la décision de ne pas lui retirer de peur d’aggraver ses blessures ou de provoquer une hémorragie qui aurait pu mettre sa vie en danger

J’ai du prendre une décision rapide, j’estime avoir fait le bon choix pour la vie de cette raie en laissant le matériel en place. Mais j’avoue encore penser souvent à cette histoire me demandant ce qu’il se serait produit si j’avais décidé de lui retirer ce maudit hameçon.

Qu’auriez vous fait à ma place ? Auriez-vous pris le risque de retirer l’hameçon pour tenter d’abréger les souffrances de cette raie manta ? 

Cette histoire est mon plus grand souvenir sous-marin. Cette interaction avec cet animal si intelligent qui a réussi par son attitude et son regard à me communiquer son problème a encore renforcé mon amour du monde marin

Bilan

En somme, la raie manta est bien plus qu’une simple créature marine. Sa présence est non seulement un spectacle à couper le souffle pour les chanceux qui croisent sa route, mais aussi un baromètre vital de la santé de nos océans.

En apprenant à connaître cette espèce fascinante, nous ne découvrons pas seulement les mystères qu’elle cache sous ses ailes, mais nous nous rapprochons aussi d’une meilleure compréhension et d’un plus grand respect pour l’équilibre délicat de la vie marine.

Que vous ayez la chance de nager aux côtés de ces géants pacifiques ou que vous soyez simplement curieux, il est clair que la raie manta mérite toute notre attention et notre protection.

Son histoire est intrinsèquement liée à la nôtre, et elle nous rappelle l’importance de préserver les merveilles naturelles qui subsistent encore dans nos océans.

3 Commentaires

    • Les impacts peuvent être nombreux. Trop de touristes peuvent les détourner de leur territoire habituel, les stresser ou encore perturber leurs cycles naturels. Après le tourisme a aussi tendance à éloigner les bateaux de pêche qui blessent (parfois involontairement les raies manta). L’impact peut donc être positif comme négatif et je n’ai pas assez d’éléments pour formuler une réponse précise !

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Maxime Hiblot

Amoureux de l'Océan.
Moniteur de Plongée, Auteur,
Photographe, Reporter...

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